Rencontres lin et chanvre bio : la filière lin

Rencontres lin et chanvre bio : la filière lin

Dimanche, Juin 23, 2024

En juin, dans le village de Tôtes, situé entre Rouen et Dieppe, c’est déroulé la dixième rencontre Lin et Chanvre Bio. Depuis 10 ans, agriculteurs, teilleurs, filateurs, tisseurs, tricoteurs, confectionneurs, marques de prêt-à-porter et institutions se rassemblent pour parler pour échanger sur les grands défis à venir. C’est aussi un lieu de rencontre unique qui offre un espace d’échanges et de confrontations d’idées. J'ai eu la chance d'y participer et d'être témoin de ces échanges prolifiques et passionnants. Pendant une journée, je me suis glissée dans la peau de ces acteurs qui se battent pour bâtir une filière lin et chanvre bio la plus respectueuse de l'homme et de l'environnement possible.

État des lieux du marché du lin actuel.

Les ballots de fibre de lin au sein de l'usine de teillage en Normandie

Le made-in-France, comment être contre ? 80% des personnes souhaitent consommer d’avantage de made-in-France. Mais dans les faits, il ne représente que 3 % des ventes. Cet écart est révélateur d’un véritable problème de fond : le prix !

Le lin, fibre française historique

La France est le premier producteur mondial de lin, la filière fait vivre beaucoup d'agriculteurs entre la Bretagne et le Nord, sur la bande côtière, où les conditions sont idéales pour la culture. De nos jours, la demande en lin est en croissance, il y a une véritable appétence pour cette fibre naturelle, noble et écologique. Le lin devient même "stratégique" dans les collections de prêt-à-porter des marques.

Le lin tel qu'il arrive au teillage

La face cachée du lin français.

Mais aujourd'hui, pour être compétitif face aux matières pétrochimiques ou au coton, le lin est envoyé majoritairement en Chine, où les faibles coûts de main-d'œuvre permettent une transformation en fil, en tissu et la création d’un produit fini à bas coût.

le lin normand teillé localement

Crise du lin : les causes et conséquences

Le lin est au cœur d'une crise sans précédent ! La filière traverse une situation compliquée, depuis 3 ans, vécue très durement par certains acteurs, avec une grande disparité selon les secteurs. En cause : une météo capricieuse et un contexte géopolitique défavorable. En effet, depuis 3-4 récoltes, les agriculteurs peinent à produire suffisamment. Habituellement, on stocke le lin plusieurs années pour mélanger différentes récoltes dans les fils.

Le teillage est réalisé en Normandie

Il y a donc toujours du lin à filer, mais l'offre de fibre s'est réduite.

À cela s'ajoute une crise géopolitique qui impacte les marchés financiers et provoque l'inflation que l'on connaît aujourd'hui.

Le prix du lin est passé de 1,50-2,50 € le kilo à 4 € en 2019 et à plus de 10 € le kilo aujourd'hui.

"Il n'y a pas de réalité économique pérenne avec les prix du marché actuel."

Le lin bio, le combat d’une filière

La fillace de lin : la fibre à l'état pure

L’association Lin et chanvre bio

En cette matinée de juin pas très estivale, nous étions rassemblés via l'association Lin et Chanvre Bio, qui a pour but de faire croître la filière bio parmi la filière conventionnelle.

Après ce portrait plutôt triste du marché du lin, inutile de vous préciser que le lin bio, qui représente moins de 1 % des surfaces, ne se porte pas mieux.

Témoignages après témoignages, je comprends que personne ici ne se voile la face : l'avenir de la filière bio est très incertain.
Les rencontres Lin et chanvre bio

Revenus des agriculteurs et moyens financiers au cœur des préoccupations

Dans la salle, les questions des agriculteurs portent inévitablement sur les revenus minimums. Les questions des moyens alloués au développement de la filière étaient également soulevées. Je comprends que cette filière bio est encore en recherche de processus plus efficients. Parmi tous les détails techniques, un témoignage m'a marqué par sa simplicité : un agriculteur parlait de coucher le lin dans les champs pour le rendre plus résistant pour la suite du procédé. Avec l'aide... de gros rouleaux, tout simplement.

La réalité du terrain : visite d’un champ de lin bio

La visite du champ de lin par les arigulteurs bio

Ce n'est qu'une fois dans les champs de lin que je comprends comment reconnaître un champ bio d'un champ non bio : les "mauvaises herbes" ! Et sans produits chimiques pour désherber, les agriculteurs doivent redoubler de sagesse et d'inventivité pour ne pas se laisser dépasser. Le lin en lui-même n'a pas besoin d'engrais, mais on utilise souvent des désherbants pour éviter que les mauvaises herbes ne concurrencent la plante.

Une ambition commune : le rêve d’une filière vertueuse et locale.

Plus tard, en traversant les campagnes de Normandie, je regardais ces champs de lin sans la moindre mauvaise herbe. Je trouvais ça beau avant, mais maintenant, je préfère voir des champs avec la présence de différentes plantes, remplis de vie, de biodiversité.

Un champ de lin bio avec quelques mauvaises herbes, symbole d'une biodiversité riche !

Dans ces champs, j'y vois le combat des agriculteurs qui défendent une filière en souffrance, pour une agriculture vertueuse, moins émettrice de CO2, plus respectueuse des sols, de la qualité de l'eau, de la santé des hommes. J'y vois une idéologie d'un monde plus logique, plus local et plus joyeux.

Alice
Ecrit
Lundi, Juin 24, 2024
Très intéressant, merci 👍🏽
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