Voyage textile en Europe de l'Est : à la découverte des ateliers
Aujourd’hui, lorsqu'on envisage de lancer sa propre marque de vêtements éthiques, l'attention se tourne souvent vers le "made in France", parfois vers le "made in Portugal", mais rarement vers le "made in Europe de l'Est". Pourquoi cette négligence ? Mauvaise réputation ? Mauvaise connaissance de leur savoir-faire ? Crainte de l'impact carbone lié à la distance ?
Dans ma quête de réponses, j'ai décidé de partir à l'aventure, direction les ateliers d'Europe de l'Est pour un voyage d’un mois et demi. Ma mission : lever le voile sur cette région encore méconnue de l'industrie textile et vous proposer des ateliers de confection pour vos marques éco-responsables. Des montagnes de la Roumanie aux plaines de la Bulgarie, en passant par les ruelles pittoresques de la Grèce, j'ai exploré les ateliers afin de mieux comprendre leur place dans l'industrie textile.
Rencontre avec Delia et Cornel : quand passion et pragmatisme s'entremêlent
Ma première escale m'a menée à la découverte de Delia et Cornel, un chouette duo à la tête d'une entreprise textile en Roumanie, rencontrés lors de leurs années d’études en école textile. Elle et son amour pour la maille, lui et sa vision pragmatique du business. Tous deux m'ont ouvert les portes de leur atelier et de leur univers. Nous avons échangé sur leurs parcours, leurs aspirations et les défis auxquels ils sont confrontés au quotidien. J’ai eu la bonne surprise de découvrir Délia, une entrepreneure passionnée avec qui j’ai pris le temps de discuter du fonctionnement de sa boîte, des minimum de commandes et des différents types de réalisations qu’ils proposent. Avant de travailler ici, elle avait sa propre production de maille qu’elle a dû arrêter car la concurrence avec le Bangladesh était trop forte. Aujourd’hui, elle et Cornel visent la qualité, fini d'accepter des petits prix !
Des coulisses à la réalité, la face cachée des ateliers
Immergée dans les coulisses des ateliers, j'ai découvert une réalité bien éloignée de l'image idyllique souvent associée à l'artisanat éthique. Delia et Cornel, bien que passionnés par leur métier, ne perdent pas de vue les impératifs commerciaux. Ils ont construit leur entreprise en misant sur… la sous-traitance. Une pratique qui m'a d'abord laissé perplexe. À mon sens, qui dit sous-traitance dit multiplication des acteurs et des risques de dérives en tout genre. Mais la réalité, c’est que lorsqu'on pense atelier “éthique”, on imagine un atelier baigné de lumière, avec des gens qui font ce métier par passion et dans la bienveillance la plus totale. Bref, (spoiler) ce lieu n’existe pas.
La nécessité de rentabilité les a amenés à collaborer avec d'autres usines voisines qui avaient les compétences, les machines et leurs personnels. Au fil de mes visites, j'ai été frappé par l'ampleur de ces installations. Mais, au-delà de cette impressionnante mécanique industrielle, j'ai été touchée par la complicité entre Delia et Cornel. Je me baladais entre les couturières pour prendre des photos pendant qu’ils discutaient des projets communs. Je les voyais attraper des bouts de tissus, les retourner, confronter leurs idées. Tout ça en Roumain. C’était fascinant.
À la découverte des secrets bien gardés des ateliers textiles
Ma prochaine escale m'a menée vers un autre atelier, cette fois dirigé par une femme. On a tout de suite accrochées, et elle était ravie de me faire découvrir son entreprise. Elle m'a confié avec enthousiasme : "Tant qu'il y a des jeunes comme vous, qui s'intéressent à ce que nous faisons, il y a de l'espoir."
Quand la rareté tire les prix vers le bas
Un point commun m’a frappé entre ces trois ateliers : la difficulté croissante à trouver des clients, souvent enclins à négocier les prix avant de se tourner vers des pays à bas coûts, comme le Bangladesh. La situation des salaires en Roumanie est également préoccupante, mais on peut noter une tendance à l’augmentation. La gérante du deuxième atelier exprimait avec indignation que travailler avec des entreprises basées dans des pays en développement implique d'accepter des prix qui augmentent légèrement au fil des ans. Alors forcément, quand on fait face aux géants de la fast-fashion et aux prix compétitifs qu’ils proposent, ça peut être difficile de garder le cap.
Pour l’anecdote, lors de ma visite dans le deuxième atelier, j'ai pu observer que son usine était en plein processus de production pour un concurrent premium d'un de mes clients (avec des finitions impeccables).
Escapade bulgare : entre défis et générosité
De là, mon voyage m'a conduit à travers les sentiers sinueux des Carpates jusqu'aux rives du Danube, où j'ai découvert les ateliers couture.
En Bulgarie, la recherche du site a été un vrai défi, entre le bus et l'alphabet local. Mais une fois sur place, l'accueil a été chaleureux. J'ai pu visiter le bureau d'études, où naissent les prototypes et où se prennent les décisions importantes pour la production, un peu comme en Roumanie. Mais ici, la fabrication se fait dans d'autres ateliers de la région, en sous-traitance. Heureusement, ces partenaires sont des experts du textile depuis longtemps. Et puis, du haut de mes 27 ans, je n’allais pas leur faire la leçon !
Ces ateliers se plaignent sérieusement de leur difficulté à recruter. Les jeunes ne semblent plus vraiment intéressés par le travail en atelier, surtout s'ils doivent passer leurs journées à coudre. Apparemment, ce n'est plus un métier aussi attractif qu'avant, et les salaires sont au niveau du SMIC, pas étonnant que ça ne fasse pas rêver…
Voyage au cœur de la Grèce textile : entre échanges inspirants et pratiques surprenantes
Ensuite, cap sur la Grèce ! J'ai visité deux ateliers, mais celui de Manuela m'a particulièrement marqué. J’y ai partagé des moments de complicité avec une entrepreneure déterminée à faire la différence. Nous avons eu de longues discussions sur l'éco-responsabilité dans le textile et les meilleures pratiques pour limiter notre impact.
Son entreprise se spécialise dans les vêtements personnalisés, en utilisant du coton bio et un peu de lin. Le hic ? Leurs ateliers se trouvent en Macédoine du Nord, ce qui pose une question : pourquoi est-il indiqué "Made in Greece" sur leurs vêtements ? Manuela m'a expliqué que tout est fabriqué ici, sauf la couture. Une réponse un peu surprenante, mais tant que ça suit les normes, pourquoi pas !
Au-delà des frontières, une vision commune
Bilan de ce périple au bout d’un mois et demi ? Derrière la beauté de ces ateliers se cachent des défis bien réels. Recrutement compliqué, concurrence féroce des grandes marques sur les prix... Les façonniers de l'Est font face à un environnement commercial complexe. Et pourtant, malgré ces obstacles, une lueur d'espoir persiste. À travers chaque point de couture, chaque éclat de rire partagé, j'ai vu se dessiner un avenir où l'éthique et la durabilité ne sont pas de vains mots, mais bien des principes ancrés dans la réalité quotidienne.
Passion et durabilité : le fil conducteur des ateliers de confection
En refermant la porte de chaque atelier, j'ai emporté avec moi bien plus que des échantillons de tissu. J'ai emporté l'histoire de Delia et Cornel, la détermination de Manuela et la passion d'autres chefs d’entreprise et artisans rencontrés en chemin. Et c'est avec cet esprit de découverte et d'engagement que je regarde vers l'avenir de la mode durable. Si ces trésors textiles restent encore largement méconnus, je suis convaincu qu'ils ne demandent qu'à être découverts, appréciés et soutenus par ceux qui croient en une mode plus juste, plus durable et plus humaine.
Prochaine étape : parcourir les ateliers de chez nous pour révéler les coulisses du Made in France. Le voyage a déjà démarré… Vous me suivez ?
De l'idéation à la réalisation : des partenaires de confiance pour votre marque éco-responsable
Lancer sa marque de vêtements, c'est jongler avec une multitude de tâches en solo : conception, communication, et bien sûr, trouver les bons ateliers et tissus. Les recherches sur Google peuvent aider, mais rien ne vaut un réseau bien établi. Si vous cherchez des partenaires de confiance pour la fabrication de votre marque éco-responsable, je suis là pour vous aider. Avec mon carnet d’adresse dans l'industrie textile, nous trouverons les ateliers et les tissus parfaits pour concrétiser votre vision.